La Minute de Gloire de MS – St-Valentin

Texte interprété par moi le 9 février dernier, sur les ondes de CIBL 101,5 FM, à Montréal.

La Saint-Valentin, c’est la fête des amoureux, mais c’est surtout la fête de l’amour. L’amour qui, bien qu’il soit la plus belle des émotions, demeurera sans doute à tout jamais la plus difficile à saisir.

Ne dit-on pas : «Les crocodiles vivent 100 ans ; les roses trois jours. Et pourtant, on offre des roses»?

Et l’amour, il y en a de toutes les sortes.

Pour tout le monde, il y a le premier. La petite chenille qui grandit dans les ventricules de notre coeur se transforme maladroitement en papillon. C’est l’amour qui fait battre le sang partout partout, qui donne chaud et froid, qui fout la trouille au premier pas et donne du courage pour le saut dans le vide. Celui pour qui on donne toute sa personne et pour qui on s’effondre au complet trop souvent après.

Pour certains, il y a le grand. Celui qui prend toute la place, auquel on pense le jour et rêve la nuit. L’impossible devient possible et même la seule option, l’unique ambition. On se tend, on s’étend ; on se cambre, se cante ; on se courbe, se recourbe, vers l’autre et nulle part ailleurs. Puis, s’embrasse et s’embrase et on s’aime de tout et de rien parce que le grand amour c’est la plénitude et le néant tout à la fois.

Quelques romantiques malchanceux se consument dans l’amour impossible. Acte 5, scène 6, Cyrano de Bergerac se meurt et lance :

 

Que dites-vous? C’est inutile? Je le sais!

Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès!

Non! Non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile!

 

Il y a ceux qui ont l’amour de toujours. L’amour du premier jour jusqu’au dernier. L’inspiration au soupir. De la grande lumière qui aveugle, celle qui remplit les rues du petit matin et qui s’amenuise et s’éteint le soir venu, mais qui persiste dans les étoiles et les lampadaires, se transforme en lueur.

L’amour de toujours n’est pas celui de tout le monde, mais tous ont l’amour toujours. Nous en mourons certes, mais en vivrons jusqu’à la fin.

La Saint-Valentin, c’est la fête des amoureux, mais c’est surtout la fête de l’amour. La plus belle des émotions, sans doute la plus difficile à saisir.

Ceci dit, il faut s’avoir s’y perdre au complet. Les yeux fermés dans le noir. Et plus souvent qu’autrement, lorsqu’on ne s’y attend plus, une main prend la nôtre et c’est comme ça que l’histoire commence.

Joyeuse St-Valentin.

Okay bye!

 

Je tiens à remercier Meggie Bélanger et Jean-Philippe Garneau pour cette opportunité hebdomadaire, d’avoir un bref temps d’antenne pour laisser s’exprimer le personnage dans ma peau. C’est aussi ça aimer, faire confiance à la folie d’autrui et ce, en 2 Temps, 3 Mouvements. Merci. http://www.cibl1015.com/2-temps-3-mouvements

Le bruit de l’air

Dimanche.

C’est l’histoire de la petite fille qui sème le bruit. C’est une bien triste malédiction que celle de l’enfant du bruit.

Attachée à ses pas qui crissent dans la neige, une ombre en tintamarre qui s’étire, qui s’étire.

Elle en parle au facteur. Il la réveille tous les matins. Parfois plus tard, parfois plus tôt.

Lundi.

– Derrière moi il y a les portes qui claquent, les téléphones qui sonnent. Les bébés hurlent et les freins des voitures aussi. Ça applaudit, ça déchire du papier, ça mastique fort. Il y a des jointures qui craquent, il paraît que ce sont des bulles qui éclatent dans les doigts, vous saviez?

– Non. Et il rentre comment, l’air dans les doigts?

– Ben, par les ongles, quand on touche des choses. Je pense.

Du moment qu’elle lui ouvre la porte au facteur, du moment qu’elle met le nez dehors, tout de suite c’est la cacophonie.

Mardi.

Et du moment qu’elle se couche et s’endort, tout s’arrête, tout s’éteint. Ça fait le bruit d’une cigarette qu’on échappe dans l’eau. C’est sec, rapide, bref, et agréable.

– Agréable?

– Oui! Ça m’apaise. Pareil comme le bruit d’une mèche de chandelle qu’on éteint avec des doigts mouillés. Mais parfois, je n’en peux plus.

Elle n’en peut plus, mais ça n’arrêtera jamais. La petite fille qui sème le bruit est éternelle. Il va sans dire que la malédiction, directement proportionnelle, sera là pour toujours elle aussi.

Mercredi.

– Et le silence? Tu t’ennuies du silence?

– Le silence n’existe pas. Comment peut-on s’ennuyer de quelque chose qui n’est pas?

– Ah bon?

– Voyons, Facteur. L’air dans les doigts, il fait du bruit quand il sort, mais quand il entre aussi. Quand on tourne une poignée de porte et que la clochette dans le cadre de porte retentit ; qu’on tape à l’ordinateur et que les touches dansent ; qu’on attache les boutons d’une chemise et que le tissu se froisse ; qu’on caresse une joue et que l’autre soupire de plaisir. Le silence n’existe pas.

Jeudi.

– Alors il faudrait faire attention au bruit qu’on fait, pour que tu entendes.

Vendredi.

– J’entends tout! Et toi, m’entends-tu? Parfois, c’est bien malheureux, il y a tant de bruit que je me noie dans le bruit et me dilue. On ne me voit pas passer.

Samedi.

La petite fille qui sème le bruit est le Jour.

Au plaisir.

Keep On Keepin On.

MS

Merci pour la fin du monde

Ouf. 2012.

Le joueur MSBe en aura vu de toutes les couleurs, et vous aussi certainement.

Il y a des voyages qui ont nécessité un passeport et des avions. Des voyages qui ont nécessité un temps de réflexion sur un balcon.

Il y a eu des nouvelles rencontres, des bijoux que je protège dans l’écrin de mon cercle d’amis. Certains ont accueilli de nouveaux visages, de petites risettes qu’ils verront grandir longtemps, longtemps.

Il y a eu des adieux. Des séparations. Des déchirements. Il a fallu baisser les yeux sur une tombe, pour plus tard relever la tête et laisser sécher les larmes au soleil.

Il y a eu l’incertitude. Les questionnements. Du temps. Beaucoup de temps.

Il y a eu de l’argent, puis plus du tout. On appelle ça les impôts, puis le temps des fêtes.

Il y a eu les cris, les rires, la musique. One Direction qu’on chante en secret en faisant des biscuits. Pas moi là. Non, non. Mais…

J’ai retrouvé les mots. Vous les avez lus et pour une première fois, vous les avez entendus à la radio. Merci et au plaisir. Okay bye.

Il y a eu l’amour. J’ai recommencé à aimer. J’ai recommencé à m’aimer.

Et nous voilà le 24 décembre et il nous faut emballer les cadeaux, écrire ses voeux.

Pour ma part, c’est chacune des personnes qu’il m’ait été donné de côtoyer cette année que je souhaiterais envelopper. Dans du papier bulle, du papier de soie, des feuilles dorées. Il me faut vous dire, il me faut te dire que sans toi il n’y aurait rien.

Toi au travail et dans mes projets, toi à la maison, toi au bout du fil, au bout de la table derrière ce verre de bulles. Toi, sans toi il n’y aurait rien.

Le bonheur n’est pas sous un papier qu’il faut déchirer. Il est là, devant nous. Au vu et au su de tous. Et je te vois et je te remercie. Mon bonheur c’est toi.

Si 2012 c’est la fin du monde, alors je peux y passer parce que tu m’as rendue heureuse et que c’était doux.

J’ai vu Bordeaux et Paris et Oromocto et suis retournée Québec. J’ai assisté à la dernière gorgée de champagne de Grand-maman. J’ai commencé à cuisiner des repas « d’adulte ». J’ai tenu dans mes bras les nouveaux-nés de mes amis. J’ai quitté un cubicule pour danser Gangnam Style. J’ai créé des personnages qui ont vécu à la radio pour vos oreilles, puis c’est ma propre voix qui a envahi les ondes. J’ai vu mes amies être heureuses et j’en ai pleuré. J’ai vu mon père donner une bine à Paolo Noël. J’ai dansé avec des jeunes de 14 ans sur du LMFAO. On m’a dit que je n’étais pas si conne que ça et j’ai trouvé ça drôle. J’ai pleuré à chaudes larmes quand je n’ai pas sauvé la petite chinoise. J’ai échappé trop de livres dans mon bain. J’ai acheté trop de souliers, c’est indécent. J’ai failli mourir sur le Mont-Royal en m’entraînant. J’en oublie?

Alors voilà 2012. Merci pour les opportunités inattendues, les épreuves obligées, les rires déployés, les pleurs refoulés. Merci pour l’odeur rance des adieux et le parfum voluptueux de l’amour. Merci pour les vides que j’ai su remplir. Merci de m’avoir fait tomber à genoux pour que j’aille à me relever et être fière d’être encore là.

Merci à vous, merci à toi.

Au plaisir.

Keep On Keepin On

MS